Afrique/Sanctions européennes : un homme d’affaires africain porte plainte à Luxembourg

Harouna Douamba

Le 24 février 2025, un événement peu commun est survenu dans les arcanes feutrés du Tribunal de l’Union Européenne : Harouna Douamba, homme d’affaires ivoiro-burkinabé, y a déposé un recours contre l’UE. En cause, son inscription sur la liste noire des personnes sanctionnées par Bruxelles, datée du 16 décembre 2024. Sanctionné sans avoir été entendu, H. Douamba dénonce une décision unilatérale fondée sur des « allégations mensongères » et s’insurge contre ce qu’il perçoit comme une criminalisation systématique des voix africaines critiques envers l’Occident.

Le recours qu’il engage s’appuie sur l’article 263 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui garantit le droit de contester les actes juridiques européens violant les droits fondamentaux.

Au-delà du juridique, la portée politique de l’affaire est manifeste. Harouna Douamba, panafricaniste engagé, incarne une frange de l’élite africaine décidée à contester l’influence géopolitique traditionnelle des anciennes puissances coloniales. Dans un contexte de recomposition des alliances africaines – où la Russie, la Chine ou la Turquie prennent une place croissante – cette bataille judiciaire illustre une volonté de souveraineté narrative autant que légale.

Dans les coulisses, ce combat est aussi communicationnel. Harouna Douamba utilise des mots bien choisis pour parler de justice, de respect et de son engagement pour l’Afrique. Il veut montrer qu’il est traité injustement et qu’il est une victime d’un système qui ne punit pas tout le monde de la même façon.

Ce recours illustre une évolution plus large : celle d’acteurs africains qui investissent pleinement les cadres juridiques et institutionnels internationaux pour faire entendre une voix propre, structurée, et désormais difficile à ignorer.

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