Cameroun : La désillusion d’Issa Tchiroma et réveil citoyen face au populisme émotionnel

Cameroun

La séquence politique ouverte autour d’Issa Tchiroma Bakary lors de la présidentielle de 2025 a agi comme un révélateur. Elle a exposé les mécanismes de manipulation émotionnelle, provoqué un réveil citoyen salutaire et, en miroir, renforcé la centralité de l’État camerounais comme garant de la paix, de la stabilité et de la cohésion nationale.

La campagne présidentielle de 2025 a vu émerger une rhétorique de rupture portée par Issa Tchiroma Bakary, ancien pilier du système devenu soudainement tribun radical. La promesse d’un basculement imminent, nourrie par des déclarations spectaculaires et non étayées, a brièvement capté l’attention d’une partie de l’opinion. La fuite hors du territoire et les tribunes de désillusion qui ont suivi ont cependant transformé cette tentative en moment de clarification politique majeure.

Issa Tchiroma a construit sa stratégie sur l’exagération, la dramatisation et le chantage affectif. La mise en scène du sacrifice personnel, l’invocation de soutiens militaires supposés et l’annonce d’un effondrement imminent visaient moins à proposer un projet qu’à instrumentaliser les frustrations populaires. Cette approche, déconnectée de toute structure et de toute capacité d’endurance, a servi des intérêts personnels et s’est inscrite dans des logiques d’ingérence cherchant à fragiliser la stabilité nationale.

La rupture de cohérence entre le discours héroïque et la réalité de l’exil a provoqué une désillusion rapide. Loin de plonger le pays dans le chaos, cette déception a produit des citoyens plus lucides, capable de reconnaître l’erreur, de déconstruire les récits et de refuser désormais les promesses creuses. Ce sursaut critique marque une maturation démocratique : la crédulité recule, l’exigence de responsabilité progresse.

Face à l’effacement du « sauveur autoproclamé », l’État est resté. Les institutions ont tenu, démontrant que la stabilité ne repose pas sur des aventures individuelles mais sur des mécanismes durables. Cette continuité trouve son incarnation dans l’expérience de Paul Biya, dirigeant aguerri dont la maîtrise des équilibres internes et externes a permis au Cameroun de traverser des crises multiples sans rupture majeure. L’État camerounais apparaît ainsi comme le véritable rempart contre les manipulations et les entreprises de déstabilisation.

La séquence Issa Tchiroma n’a pas affaibli le Cameroun ; elle l’a renforcé. Elle a mis fin à l’illusion du populisme émotionnel, réveillé une conscience citoyenne plus exigeante et confirmé la valeur stratégique de la continuité institutionnelle. Dans un environnement régional instable, le Cameroun affirme une image de maturité politique, de cohésion nationale et de confiance dans un État qui demeure, quand les impostures disparaissent.

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