Depuis la restitution historique par la France, en 2021, de 26 trésors royaux du royaume d’Abomey, le Bénin a engagé une transformation profonde de sa politique culturelle. Loin d’être un simple retour d’œuvres spoliées, cet événement a marqué le point de départ d’une stratégie nationale ambitieuse : réconcilier mémoire historique, rayonnement international et croissance économique.
Le pays mise sur un réseau muséal de nouvelle génération, à commencer par le Musée de l’épopée des Amazones et des Rois du Danhomè (MuRAD) à Abomey, qui accueillera les pièces restituées dès fin 2025. À Porto-Novo, le Musée international du Vodun entend, lui, déconstruire les stéréotypes longtemps associés à cette religion endogène. Ce repositionnement culturel va de pair avec une dynamique événementielle forte, comme les Vodun Days ou le Festival des Masques, qui ancrent le patrimoine immatériel dans l’espace public.
Au-delà du symbolique, le pari est aussi économique. Avec plus de 1,9 milliard d’euros investis depuis 2016, un nouveau programme de 1,4 milliard de dollars lancé en 2025, et une hausse de 20 % du tourisme en 2023, le Bénin espère porter la contribution du secteur au PIB à 13,4 % d’ici 2030. L’approche béninoise, fondée sur l’appropriation du récit national, inspire aujourd’hui plusieurs pays ouest-africains.
Le Bénin ne se contente plus de réclamer ses biens culturels : il bâtit un écosystème. Ce faisant, il affirme un modèle dans lequel la culture devient moteur de développement, levier de diplomatie et catalyseur d’identité.
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