À une époque où la scène diplomatique mondiale est souvent dominée par les grandes puissances militaires et économiques, un geste venu du Ghana résonne bien au-delà de ses frontières. Le président John Dramani Mahama a récemment offert 40 tonnes de produits à base de cacao aux civils palestiniens de Gaza, dans un élan de solidarité humaine, morale et politique. Ce geste, à première vue humanitaire, s’inscrit dans une stratégie diplomatique audacieuse : celle d’une Afrique qui ne subit plus, mais agit ; qui ne reçoit plus seulement, mais donne aussi.
Le Ghana, par cet acte, redéfinit les lignes de la diplomatie du Sud global et assume pleinement une posture de puissance morale. Loin de tout calcul géopolitique traditionnel, cette initiative portée par une ressource nationale – le cacao – devient un outil de transformation narrative, un signal clair de souveraineté africaine sur la scène internationale.
La cargaison composée de chocolats n’est pas qu’un simple don. Elle représente un symbole fort de solidarité sud-sud, orchestrée par un pays souvent perçu comme modeste sur l’échiquier diplomatique mais qui fait preuve ici d’une audace stratégique.
Traditionnellement positionnés comme bénéficiaires de l’aide internationale, les pays africains inversent progressivement la tendance. Ils ne sont plus des récepteurs passifs, mais des acteurs actifs et solidaires. Ce changement de posture marque un tournant important dans la perception et la fonction des États africains au sein de la communauté internationale.
L’Afrique se réinvente, propose, agit, et se donne les moyens d’impacter le monde à sa manière, avec ses propres ressources, ses propres voix, et surtout, sa propre légitimité. Le geste envers Gaza n’est pas un coup d’éclat isolé : il s’inscrit dans une philosophie de gouvernance globale, où les valeurs africaines traditionnelles – hospitalité, fraternité, justice – deviennent les fondements d’une diplomatie moderne et proactive.
À travers cet acte, le président ghanéen John Mahama ouvre une brèche dans la rhétorique dominante des relations Nord-Sud. Il démontre que les ressources africaines – économiques comme symboliques – peuvent devenir des instruments de souveraineté et de transformation diplomatique.
Loin de la dépendance, c’est une Afrique debout, consciente de son rôle dans le système international, qui prend forme.
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