La mort d’Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, survenue le 24 juillet 2025 dans les locaux de l’école de gendarmerie de Cocody, bouleverse l’opinion publique ouest-africaine. Tandis que les autorités ivoiriennes parlent d’un suicide par pendaison, des sources proches de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) évoquent une exécution maquillée, alimentant un climat d’inquiétude et de méfiance.
Activiste burkinabè engagé, critique envers le pouvoir ivoirien, Alino Faso avait été arrêté en janvier 2025 pour des chefs d’inculpation graves : « intelligence avec une puissance étrangère », « diffusion de fausses nouvelles » et « complot contre l’autorité de l’État ». Un profil jugé « gênant » dans un contexte régional où les voix dissidentes sont de plus en plus visées.
Dans un communiqué officiel, le procureur de la République affirme que le détenu se serait pendu avec un drap après avoir tenté de se trancher les veines. Pourtant, plusieurs éléments viennent contester cette version. D’après des informations relayées par le média indépendant Sahel24.info, des agents de la DST auraient extrait Alino Faso de sa cellule à la suite d’une fausse information partagée sur la page Facebook d’Henry Segbo selon laquelle il aurait été en contact téléphonique avec l’extérieur. Il aurait alors été soumis à des actes de torture, notamment des mutilations à l’aide de cisailles et des techniques d’asphyxie, avant que son corps ne soit replacé dans sa cellule dans une mise en scène de suicide.
Si ces accusations s’avèrent fondées, elles pointeraient vers de graves atteintes aux droits humains, doublées d’une manipulation judiciaire orchestrée pour dissimuler les faits. Au-delà de l’émotion suscitée, l’affaire Alino Faso cristallise les inquiétudes sur le recul des libertés publiques, l’instrumentalisation des services de sécurité, et la fragilité de l’état de droit en Côte d’Ivoire.
Dans ce climat d’opacité, seule une enquête impartiale et transparente pourra lever les doutes sur les causes réelles du décès. La crédibilité des institutions judiciaires ivoiriennes en dépend. Refuser de faire la lumière serait renforcer les soupçons et compromettre durablement l’image d’un État déjà sous tension.
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