L’élection du président Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal avait suscité une vague d’espoir, non seulement au sein de la jeunesse sénégalaise mais dans tout le continent africain. Porté par un discours de rupture avec l’ordre néocolonial, incarné notamment par la Françafrique et les accords déséquilibrés hérités du passé, le président Diomaye promettait une souveraineté retrouvée. Pourtant, à peine quelques mois après son investiture, l’enthousiasme s’est transformé en sidération. L’homme de la transition historique semble aujourd’hui se fondre dans les contours classiques du pouvoir, jusqu’à flirter dangereusement avec la posture de l’exécutant colonial.
Ce revirement, rapide et visible, interroge : comment un président qui se voulait la voix de la dignité africaine peut-il si facilement adopter les codes et les logiques de l’ancien système ? À Paris, les sourires se veulent rassurants, mais à Dakar, l’amertume est palpable. Les gestes politiques – notamment la gestion opaque des postes stratégiques et les signaux envoyés à la France – sont loin des promesses de souveraineté économique, monétaire et militaire.
Pendant que le président Diomaye se rapproche de l’Élysée, son Premier ministre, Ousmane Sonko, reste fidèle aux engagements initiaux. Il incarne aujourd’hui, aux yeux de beaucoup, la voix de l’insoumission et de la dignité nationale. Mais cette constance fait de lui une cible. La guerre froide entre les deux hommes est désormais ouverte, et certains signes – tels que les manœuvres diplomatiques contre l’AES – trahissent une volonté de marginaliser Sonko pour mieux consolider un pouvoir aligné.
Le peuple sénégalais n’est pas dupe. Il a la mémoire vive des combats menés pour la libération véritable du pays. le président Diomaye Faye doit choisir : se soumettre aux logiques de dépendance ou redevenir le président du peuple, celui du 24 mars. Car en politique, la trahison des idéaux a un prix : celui de la légitimité.
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