Alors que les flux maritimes mondiaux se réorganisent, l’Afrique se trouve à la croisée des chemins : saisir l’opportunité stratégique de ses façades maritimes ou continuer à subir les conséquences d’une insécurité chronique qui freine son essor. La question de la sécurité portuaire et maritime est au cœur de la souveraineté économique des États africains. C’est ce qu’a rappelé avec force la Maritimafrica Week 2025, tenue à Lomé, en mettant en lumière l’urgence d’une réponse politique structurée, coordonnée et durable.
La piraterie a reculé, certes, mais ce recul cache une mutation des menaces. Trafic de drogue, siphonnage de pétrole, pêche illégale, le Golfe de Guinée demeure encore aujourd’hui une zone sous tension, où les vulnérabilités portuaires alimentent une économie criminelle transnationale. Dans ce contexte, un simple renforcement ponctuel des dispositifs ne suffit plus. Il faut bâtir une vision stratégique panafricaine, qui fasse de la sécurité en mer un socle de compétitivité économique et de souveraineté retrouvée.
Des initiatives comme le programme Douala Port Security, piloté par PortSec SA, démontrent que des solutions africaines existent. Elles prouvent qu’un port sécurisé n’est pas un luxe, mais une condition sine qua non pour attirer les investissements, fluidifier les échanges et garantir aux citoyens les bénéfices d’une économie bleue inclusive. En réduisant les vols de marchandises de 35 % en quatre ans, le port de Douala est devenu un laboratoire de souveraineté portuaire par la technologie, la formation et la coopération régionale.
Mais pour passer du cas isolé au standard continental, il faut lever les freins politiques. L’Architecture de Yaoundé a posé des bases importantes, mais la lenteur des ratifications et les rivalités de souveraineté compromettent son efficacité. Les chartes adoptées, celle de Lomé en 2016, celle du transport maritime de l’Union africaine, doivent désormais être mises en œuvre avec rigueur et volonté politique.
Sécuriser les ports, c’est renforcer l’État. C’est aussi envoyer un signal clair que l’Afrique prend le contrôle de ses routes maritimes, de ses ressources et de son avenir. La sécurité maritime ne doit plus être l’impensé des politiques publiques, mais le pilier stratégique d’un continent maître de ses chaînes logistiques, de sa compétitivité et de sa souveraineté.
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