Côte d’Ivoire/Affaire Alino Faso : Silence judiciaire, contradictions officielles, le flou persiste

Alino Faso

Alors que le silence semble s’alourdir autour du décès de l’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, survenu le 24 juillet 2025 à l’école de gendarmerie d’Abidjan, l’intervention du procureur ivoirien Koné Braman Oumar, le 10 août sur le plateau de NCI 360, relance le débat. Mais loin de dissiper les doutes, ses déclarations soulèvent davantage de questions, renforçant l’opacité autour d’un dossier qui vire au contentieux diplomatique entre Ouagadougou et Abidjan.

Face à une opinion publique ivoirienne et burkinabè en quête de vérité, le procureur Oumar a défendu la thèse officielle d’un suicide, assurant que le défunt activiste « était l’un des mieux traités », bénéficiant même de « menus personnalisés » en détention. Placé à l’école de gendarmerie, selon ses dires, pour « sa propre sécurité », Alino aurait été retrouvé pendu après avoir tenté de s’ouvrir les veines. Pourtant, aucun élément concret n’a été présenté pour conforter cette version, si ce n’est une vague allusion à un rapport de médecin légiste, dont les conclusions ne sont ni publiques ni détaillées.

Le procureur affirme avoir ouvert une information judiciaire, se retranchant désormais derrière le secret de l’instruction pour justifier son silence sur les conditions réelles de détention. Toutefois, il balaie catégoriquement les accusations de torture, affirmant : « L’enquête a été claire là-dessus ». Mais quelle enquête ? Par qui ? Dans quelles conditions ? Le manque de transparence alimente la défiance.

Il y a une semaine, le Burkina Faso, via le Procureur du Faso Bakouli Blaise Bazié,a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour « faits de torture et d’assassinat contre X ». Cette saisine, motivée par les « circonstances troubles » entourant le décès d’Alino Faso, marque un tournant judiciaire majeur et révèle la méfiance croissante de Ouagadougou face à la version ivoirienne. La plainte de la famille, l’absence de contact avec Alino depuis le 10 janvier 2025, date de son arrestation, et les incohérences relevées renforce la volonté du parquet burkinabè d’élucider cette affaire.

Derrière le décès du patriote burkinabè, défenseur du nouveau régime et de la nouvelle politique instaurer au Burkina Faso, c’est une bataille politique et judiciaire qui s’engage, sur fond de tensions sécuritaires régionales et de liberté d’expression sous pression. La vérité sur le sort d’Alino Faso ne peut rester sans élucidation.

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