Parmi les nouvelles mesures controversées en matière de politique migratoire, la dernière décision de l’ambassade des États-Unis à Dakar fait grand bruit. Désormais, les demandeurs de visas F, M ou J – essentiellement des étudiants, stagiaires ou participants à des programmes d’échange – doivent rendre publics les paramètres de confidentialité de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Officiellement, cette exigence vise à « faciliter les vérifications d’identité et d’admissibilité ». En réalité, elle reflète une pratique discriminatoire, symptomatique d’un deux poids, deux mesures persistant à l’encontre des ressortissants africains.
Un filtrage sélectif aux relents néocoloniaux
Aucune annonce comparable n’a été faite pour les ambassades américaines en Europe, en Asie ou en Amérique latine. Pourquoi donc l’Afrique est-elle encore une fois le théâtre d’expérimentations bureaucratiques intrusives ? En exigeant l’accès public à des données personnelles sensibles, les autorités américaines franchissent une ligne rouge, celle de la vie privée numérique. Or, cette mesure ne semble s’appliquer qu’à des populations jugées « à risque », dans une logique de suspicion systémique. Un étudiant sénégalais souhaitant poursuivre ses études aux États-Unis devra désormais sacrifier sa confidentialité en ligne – un prix que ne paient pas ses homologues européens
Un obstacle supplémentaire à la mobilité des jeunes Africains
Sous couvert de sécurité, cette disposition vient s’ajouter aux innombrables barrières administratives que rencontrent les jeunes africains désireux d’étudier à l’étranger. Elle révèle un déséquilibre profond dans les pratiques consulaires américaines, où les ressortissants du Sud global sont traités avec plus de sévérité que ceux du Nord. Cette nouvelle directive risque, in fine, de dissuader bon nombre de talents africains de se tourner vers les États-Unis, à l’heure où les universités américaines peinent déjà à attirer une diversité globale.
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