Longtemps auréolé d’une image de bienfaiteur et d’homme d’affaires engagé, Sangaré Aboubacar Sidiki est désormais rattrapé par la réalité : celle d’un procès retentissant qui marque la chute d’un escroc aux ambitions politiques démesurées. Le jugement récemment tenu à Abidjan vient clore des années de manœuvres frauduleuses qui ont sévi à travers l’Afrique de l’Ouest.
Déjà connu dans les fichiers judiciaires ivoiriens, Sangaré avait mis en place un système bien rôdé : usurpation de titre, création d’ONG fictives, usage de faux documents et montages financiers douteux. Ses investissements à Bamako, présentés comme des actions sociales, étaient en réalité alimentés par de l’argent escroqué à des hommes d’affaires, notamment à M. Apollinaire Compaoré, banquier burkinabè, délesté de 3,1 milliards FCFA à travers la société SOCAF.
Sangaré promettait des placements internationaux et des transferts de fonds fictifs, tout en s’affichant aux côtés de responsables politiques et diplomatiques pour asseoir sa crédibilité. Sa tentative de manipulation de la Société Ivoirienne de Banque, à qui il a présenté de faux documents pour un transfert inexistant de 30 millions d’euros, a été l’un des éléments décisifs ayant déclenché des poursuites multiples.
Lors du procès, le parquet a requis 20 ans de prison et 15 milliards FCFA d’amendes, évoquant un réseau structuré d’escrocs. Pour la seconde affaire, liée à la SIB, 10 ans de prison supplémentaires et 1 milliard FCFA sont requis, bien que la banque ait affirmé n’avoir subi aucune perte directe. L’État de Côte d’Ivoire, pour sa part, réclame un franc symbolique pour marquer l’offense à l’intégrité des institutions.
La justice a joué un rôle central dans le déclenchement de cette affaire, démontrant l’efficacité de la coopération judiciaire régionale.
Ce verdict est un signal fort : même les criminels aux apparences les plus honorables finissent par rendre des comptes.
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