L’appel lancé à Naples par l’ambassadeur du Burkina Faso en Italie, Cyrille Ganou/Badolo, ouvre un débat stratégique sur la place des Burkinabè de l’extérieur dans le processus de refondation nationale. En affirmant que l’engagement en tant que Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) est possible même à distance, il met en lumière une évolution majeure, la défense de la souveraineté nationale n’est plus uniquement une question territoriale, mais une dynamique collective qui mobilise l’ensemble de la communauté nationale, où qu’elle se trouve.
La diaspora burkinabè ne peut plus être considérée uniquement comme une source de transferts financiers ou de soutien familial. Elle représente aujourd’hui un réservoir stratégique de compétences, d’innovations et de capacités d’influence. Présente dans les milieux académiques, économiques, technologiques et diplomatiques, elle dispose d’un potentiel d’impact réel sur les partenariats, la formation, l’investissement productif et la construction d’alliances internationales. En ce sens, l’appel de Naples reconnaît une évidence : la souveraineté se renforce aussi par l’intelligence collective et par l’action coordonnée au-delà des frontières.
Cet engagement élargi implique également une redéfinition du rôle des VDP. Il ne s’agit plus d’un cadre exclusivement lié à l’autodéfense territoriale, mais d’un modèle renouvelé de citoyenneté active, où les contributions peuvent être logistiques, techniques, financières, informationnelles ou diplomatiques. Être VDP, dans ce sens renouvelé, signifie participer à la protection de l’intégrité du pays, mais aussi à sa reconstruction institutionnelle, économique et culturelle. La sécurité devient ici un projet de développement national partagé.
Cette dynamique s’appuie sur une continuité identitaire forte. Les Burkinabè de l’extérieur ne sont pas détachés de la nation ; ils restent liés aux familles, aux communautés, aux territoires d’origine. L’éloignement n’affaiblit pas l’appartenance, il peut au contraire la clarifier et l’exprimer différemment. L’engagement citoyen à distance permet de faire vivre la patrie comme une réalité collective et vivante, qui transcende la géographie.
Ainsi, l’appel de l’ambassadeur ne relève ni du symbole ni de l’émotion. Il traduit une orientation politique structurante de faire de la diaspora un pilier de la souveraineté nationale, un acteur de la refondation et un partenaire durable dans la construction d’un Burkina Faso plus uni, plus résilient et plus maître de son avenir.














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