Burkina Faso : Une réappropriation panafricaine au cœur de la dynamique AES

Burkina Faso Panafricanisme

Au Burkina Faso, la conférence sur le panafricanisme et la dynamique de la Confédération des États du Sahel (AES), tenue à Ouagadougou avec la participation d’Afrodescendants venus du monde entier, s’inscrit dans un moment historique de refondation. Il ne s’agissait pas simplement de rappeler des faits, d’honorer des figures ou de partager des héritages culturels. Ce qui s’est joué relève d’un mouvement beaucoup plus profond, la réaffirmation d’un lien vivant entre l’Afrique continentale et sa diaspora, et la redéfinition d’une stratégie collective pour l’avenir. L’enjeu n’était pas la mémoire seule, mais la continuité historique assumée, portée et réactivée.

La rencontre a posé un principe fondamental : l’Afrique ne peut plus se contenter de se souvenir. Elle doit agir. Se souvenir sans agir, c’est laisser l’histoire se répéter. Se souvenir en agissant, c’est transformer la mémoire en puissance souveraine. Ainsi, la diaspora n’a pas été appelée à « regarder » l’Afrique, mais à reprendre place dans la bataille pour sa dignité, son unité et son développement. Les compétences, les expériences, les ressources et les réseaux des Afrodescendants ne sont pas des apports extérieurs, ils sont une part intégrale de la force africaine.

La dynamique AES s’inscrit précisément dans cette logique d’action. Contrairement aux anciens schémas panafricanistes souvent limités au domaine du discours, la Confédération des États du Sahel représente une architecture politique réelle, institutionnalisée et stratégique. Elle n’est pas un rêve, elle est un outil. Elle n’est pas un slogan, elle est une organisation. Elle ne parle pas d’unité, elle la pratique dans les domaines de la défense, de l’économie, de l’éducation, de la sécurité et de la vision géopolitique.

La leçon inaugurale, donnée par le Président de la Commission nationale de l’AES, Bassolma Bazié, a rappelé avec rigueur que l’Afrique a été dépossédée de ses terres, de ses ressources et de ses repères, non seulement par la force, mais par la rupture des continuités culturelles, sociales et politiques. La reconquête n’est donc pas qu’une question de territoires : elle est une reconquête de soi. Le concept de Faranifa — la terre-mère africaine — appelle à protéger l’Afrique, ses leaders et son destin, par la solidarité consciente et l’action organisée.

Ce moment marque une étape : l’Afrique ne revient pas vers son passé. Elle reprend son chemin. Et elle le fait debout, unie, et souveraine.

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