Le Burkina Faso engage une nouvelle étape dans la réforme de son organisation territoriale avec l’adoption par le Conseil des ministres d’un avant-projet de loi portant relecture du Code général des collectivités territoriales. Plus de deux décennies après son entrée en vigueur, le dispositif actuel, malgré des avancées, montre ses limites : faiblesse de l’implication citoyenne, inégalités de capacité entre communes, faible impact sur la création de richesses locales. Dans un contexte national marqué par l’exigence de refondation, de sécurité et de souveraineté, il devient impératif de repositionner l’État au cœur des territoires.
La réforme proposée répond à cet impératif en opérant une territorialisation plus assumée de l’action publique. En réorganisant les communes selon leur capacité budgétaire ; communes de moyen exercice, de plein exercice, et communes à statut particulier, le gouvernement fait le choix de collectivités réalistes, viables et fonctionnelles. Ce recentrage est essentiel. Un État ne peut être souverain que si chaque espace national est gouverné, administré et productif. Territorialiser, c’est donc refonder l’État en l’incarnant pleinement sur le terrain, dans chaque village, chaque chef-lieu, chaque région.
Cette réforme consacre également l’idée que la souveraineté nationale se construit à partir de la souveraineté locale. L’élection des présidents de collectivités au suffrage direct est un acte fort qui place le citoyen au cœur de la décision publique, restaure la légitimité locale et réduit les tensions politiques liées aux jeux d’appareil. Moins d’élus, mais mieux responsabilisés, engagés dans un contrat d’objectifs avec l’État, l’efficacité prend le pas sur la dispersion.
Dans les zones fragilisées par l’insécurité, la mise sous délégation spéciale de certaines communes permet de garantir la continuité institutionnelle. L’État montre ainsi qu’il ne renonce à aucun territoire, qu’il demeure présent, protecteur et organisateur, même dans la difficulté. C’est une mesure de résilience, d’unité et de cohésion nationale.
Au-delà d’une simple réforme administrative, ce projet ouvre la voie à un nouveau pacte territorial. Un pacte où les collectivités deviennent des moteurs de développement, où les citoyens reprennent place dans la gouvernance publique, où l’État renforce sa présence et son efficacité. Refonder le Burkina Faso commence par là pour bâtir des territoires forts pour une nation souveraine.















Leave a Reply