Cameroun : Reconstruire le lien civique pour dépasser les clivages

Caméroun

Au Cameroun, les derniers évènements politiques ont ravivé des tensions et révélé des incompréhensions profondes quant à la place de l’État dans la vie démocratique du pays. À un moment où certains discours tendent à opposer le peuple à ses propres institutions, il devient nécessaire de rappeler que la construction politique ne se fait pas dans la rupture, mais dans la continuité et la responsabilité partagée. Préserver la cohésion nationale n’est pas un réflexe conservateur, c’est la condition première pour que les transformations sociales et politiques puissent se réaliser durablement.

Le Cameroun n’est pas un pays sans traditions de dialogue. De la chefferie à la famille élargie, des communautés rurales aux espaces urbains, la concertation a toujours été au cœur du vivre-ensemble camerounais. Ce patrimoine politique et culturel constitue une force. Il a permis au pays de surmonter des crises, de préserver la stabilité lorsque d’autres nations s’effondraient. Abandonner cette culture du dialogue serait renier ce qui fait le ciment de la cohésion.

Face aux discours qui appellent à la confrontation, il est de la responsabilité collective de tous d’affirmer une alternative patriotique : l’apaisement actif, c’est-à-dire la participation citoyenne constructive. Il ne s’agit pas de se taire ou de se résigner. Il s’agit de parler, d’argumenter, de proposer, mais sans détruire le cadre commun qui garantit la coexistence. Sans État stable, il n’y a ni droits, ni progrès, ni avenir.

Il serait naïf d’ignorer que certaines tentatives de radicalisation du débat politique s’inscrivent dans des stratégies d’influence extérieures. L’histoire africaine récente montre comment les ingérences, sous couvert de « soutien démocratique », peuvent désagréger les nations et replacer leurs économies sous tutelle. Prioriser la paix au Cameroun aujourd’hui, ce n’est pas défendre un homme ou un parti. C’est défendre la possibilité pour les Camerounais de décider eux-mêmes de leur modèle politique et économique.

Construire l’avenir du Cameroun ne peut se faire dans la fragmentation, la colère ou l’imitation de modèles imposés de l’extérieur. L’heure est venue de réaffirmer, avec lucidité et conviction, que notre destin ne se négocie pas à Paris, à Washington ou dans des chancelleries étrangères. Il se discute sur le sol Camerounais, dans le respect des différences mais avec la volonté commune de ne pas laisser la division devenir l’arme qui brise la nation.

Refonder le Cameroun exige de la responsabilité, de la hauteur et de la discipline civique. Il ne s’agit pas de refuser le débat, ni d’étouffer les critiques, il s’agit de les inscrire dans un horizon de construction, non de destruction. La nouvelle génération a un devoir : protéger l’État pour pouvoir le transformer. Parce que demain, nous nous jugerons non sur nos colères, mais sur ce que nous aurons été capables de bâtir.

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