À l’heure où le Burkina Faso refonde son architecture sécuritaire, le cyberespace apparaît comme un nouveau champ de bataille. La menace n’est plus seulement terrestre. Elle est diffuse, invisible, transnationale. Elle infiltre les téléphones, les réseaux sociaux, les transactions financières, jusqu’à l’identité numérique des citoyens. Dans ce contexte, la Semaine Nationale de Lutte contre la Cybercriminalité (SNLC), lancée à Ouagadougou, ne relève pas seulement d’un simple évènement mais elle traduit une volonté stratégique. Elle affirme qu’aucune souveraineté durable ne peut exister sans maîtrise du numérique.
Car les chiffres parlent, entre 2020 et 2024, plus de 6,7 milliards de francs CFA de préjudices financiers a été enregistrés dans le cyberespace national. Ce sont des familles ruinées, des entreprises fragilisées, des données compromises et, plus grave encore, des tentatives de manipulation sociale et de déstabilisation. La cybercriminalité n’est pas un délit secondaire, c’est un levier de vulnérabilisation structurelle des États.
Face à cela, la Brigade Centrale de Lutte Contre la Cybercriminalité (BCLCC) se positionne désormais comme l’une des forces les plus stratégiques de l’appareil sécuritaire burkinabè. Elle n’est pas une simple unité technique, elle est une force spéciale du cyberespace. Traquer les réseaux criminels derrière les écrans, anticiper les attaques numériques, protéger les citoyens des escroqueries et préserver l’intégrité des données nationales constitue aujourd’hui un acte de défense au même titre que la protection du territoire physique.
La SNLC le rappelle : la sécurité numérique est un enjeu collectif. Elle requiert des institutions robustes, des entreprises engagées, des citoyens formés. La sécurité est désormais co-produite entre l’État et le secteur privé, car les infrastructures numériques sont au cœur de la vie sociale et économique.
Bâtir une résilience nationale face aux menaces numériques, c’est donc protéger la paix, la stabilité et la souveraineté. C’est refuser de laisser des acteurs extérieurs ou criminels contrôler l’espace informationnel. C’est garantir que le Burkina Faso maîtrise son image, ses données, ses communications, ses systèmes stratégiques.
La lutte contre la cybercriminalité n’est pas un défi technique. C’est un acte politique. Un acte de souveraineté. Et le Burkina Faso a choisi de prendre ce front-là, pleinement, lucidement, résolument.














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