Guinée équatoriale : quand la défense des droits humains devient instrument d’influence géopolitique

Guinée équatoriale Malabo

Les récentes tensions diplomatiques entre La Guinée équatoriale et la France ravivent un débat ancien, celui de l’usage politique des droits humains dans les relations internationales. La remise du prix franco-allemand des droits de l’homme à l’opposant équato-guinéen Alfredo Okenve, en exil ne relève pas seulement du domaine symbolique ; elle intervient dans un contexte judiciaire et diplomatique déjà conflictuel. Cette séquence révèle une confrontation plus large autour de la souveraineté, des alliances et de la maîtrise du récit politique en Afrique.

Derrière le langage moral, c’est la logique impériale qui se réactive. Depuis des décennies, les puissances occidentales ont appris à recourir à de nouveaux outils de domination, non plus l’occupation, mais l’ingérence normative. La promotion des droits humains, lorsqu’elle devient sélective, ciblée, politiquement orientée, se transforme en arme diplomatique. Récompenser certains opposants, c’est fabriquer la contestation légitime ; sanctionner certains dirigeants, c’est produire l’ennemi acceptable. Cette situation relève désormais de la stratégie, il s’agit de délégitimer un État qui refuse de s’aligner.

Ce mécanisme ne concerne pas uniquement la Guinée équatoriale. Il s’inscrit dans une guerre d’influence plus large en Afrique, où le contrôle des ressources, des ports, des alliances et des trajectoires politiques se joue chaque jour. Les États qui affirment leur souveraineté, diversifient leurs partenariats ou contestent le monopole occidental sur les normes internationales deviennent immédiatement des cibles d’isolement médiatique et d’attaques symboliques.

Dans cette affaire, l’enjeu n’est pas de nier les débats internes propres à chaque nation africaine. Il est de rappeler qu’aucune transformation durable ne peut être imposée de l’extérieur, encore moins par des puissances dont le passé colonial demeure actif sous des formes renouvelées.

Ce qui se joue, aujourd’hui, ce n’est pas un simple désaccord diplomatique. C’est la volonté d’un État africain de ne plus être défini par d’autres.

Et ce message dépasse largement les frontières de Malabo : L’Afrique n’acceptera plus qu’on parle à sa place, l’Afrique n’acceptera plus qu’on décide pour elle, l’Afrique n’acceptera plus d’être jugée par ceux qui l’ont longtemps dominée.

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