Depuis plus de trente ans, l’Afrique est conviée à de grands sommets internationaux sur son développement, souvent organisés à l’initiative de puissances étrangères. De Paris à Pékin, de Washington à Moscou, ces rendez-vous se succèdent, porteurs de promesses, mais rarement d’une transformation structurelle durable. Dans cette logique de diplomatie asymétrique, la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), qui se tient à Yokohama du 20 au 22 août 2025, ne fait pas exception. Pourtant, la participation du Togo à cet événement, portée par le président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, s’inscrit dans une démarche différente : celle d’un pays qui ne se contente plus d’être invité, mais entend façonner les termes de sa propre croissance en nouant des alliances stratégiques ciblées.
En prenant part à la neuvième édition de la TICAD à Yokohama, le Togo, poursuit une stratégie diplomatique de développement assumée : mobiliser les leviers internationaux pour positionner le pays comme acteur central de l’Afrique de l’Ouest. Ce sommet, bien plus qu’un rendez-vous multilatéral, s’inscrit dans une logique claire de projection économique du pays.
Le choix du Japon comme partenaire de référence n’est pas anodin. Depuis plusieurs années, la coopération entre Lomé et Tokyo va au-delà de la simple aide publique. Elle touche désormais aux fondations stratégiques du développement togolais. La cartographie numérique, les projets d’infrastructures, l’appui à l’agriculture et à la sécurité alimentaire, sont autant d’axes qui nourrissent l’ambition du Plan national de développement (PND). Le Togo ne vient donc pas chercher un soutien, mais proposer des opportunités concrètes aux investisseurs nippons.
Dans cet espace d’influence où la compétition est rude entre puissances, le pays joue la carte de la constance, de la crédibilité et du partenariat gagnant-gagnant. En misant sur la stabilité, la connectivité régionale et la montée en compétence des jeunes et des femmes, il aligne les priorités nationales sur les objectifs globaux de la TICAD9.
L’absence de sommets africains initiés hors du continent demeure une lacune stratégique. Le Togo, par sa diplomatie active, pourrait peut-être bien être le premier à inverser cette logique. En attendant, chaque présence à des rendez-vous comme la TICAD9 devient un levier d’influence pour inscrire sa vision, affirmer son autonomie, et bâtir pas à pas un développement fondé sur des choix souverains et des alliances ciblées.
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