Sénégal : président Diomaye Faye, de la rupture au ralliement ? Une trahison en costume trois-pièces

Diomaye Faye

Le vernis du panafricanisme s’estompe vite quand les réalités du pouvoir croisent les ambitions personnelles. Diomaye Faye, qui promettait une souveraineté économique, monétaire et politique, semble aujourd’hui préférer les applaudissements feutrés des salons parisiens aux acclamations populaires de la Place de l’Obélisque. Le président de la jeunesse et de la dignité africaine est-il en train de devenir un nouveau pion dans le jeu franco-africain ?

Le cœur du malaise réside dans sa relation de plus en plus tendue avec son Premier ministre, Ousmane Sonko. L’icône d’une génération consciente, l’homme des luttes anti-impérialistes, refuse de trahir ses engagements. Il parle encore de rupture réelle, de souveraineté non négociable, de justice sociale. Et pour cela, il devient un problème.

Les manœuvres de déstabilisation qui visent Sonko, remontée des dossiers judiciaires, campagnes de diabolisation, entraves diplomatiques — ne relèvent pas du hasard. Elles s’inscrivent dans une stratégie bien huilée, dictée selon plusieurs sources par une coordination franco-ivoirienne visant à « neutraliser » toute figure panafricaine susceptible de remettre en cause le système. Diomaye, présenté comme le garant de cette manœuvre, aurait accepté de suivre les pas d’Alassane Ouattara pour se maintenir au pouvoir, quitte à enterrer la dynamique populaire qui l’y a porté.

Mais ce choix politique, aussi habile soit-il à court terme, pourrait s’avérer suicidaire à long terme. Le peuple sénégalais n’a pas la mémoire courte. Il a renversé Macky Sall par la seule force du vote et de la mobilisation. Il peut en faire autant demain si la trahison devient évidente.

L’affaire du sommet de l’UEMOA à Lomé, où le ministre sénégalais des finances a ostensiblement pris position contre les pays de l’AES, n’est pas un simple incident diplomatique. C’est un signal fort, un alignement affiché sur les intérêts de ceux qui refusent la souveraineté de l’Afrique. Cette posture est d’autant plus inquiétante qu’elle ouvre la porte à une division dangereuse au sein de la CEDEAO et affaiblit davantage les initiatives de souveraineté continentale.

Le choix du président Diomaye Faye n’est pas encore irréversible. Mais le virage pris est brutal et, pour beaucoup, déconcertant. Il lui reste une option : revenir à la source, écouter la voix du peuple, renouer avec les idéaux de la rupture, et cesser de faire le jeu d’une puissance étrangère qui n’a jamais œuvré pour la dignité africaine.

Le Sénégal, cœur battant de cette Afrique debout, ne doit pas être le maillon faible de cette chaîne historique.

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